Sefard, ou les atouts de l’atypique

La société Sefard croit dur comme fer aux vertus de la différence. Avec une diversification patiente de son activité. Détails.

Créée en 1965, forte d’une cinquantaine de collaborateurs, la société Sefard compte au nombre des « institutions » de Nogent-le-Rotrou. Son métier : le ressort et les pièces métalliques. Mais pas seulement. Car Sefard élargit patiemment son rayon d’action. Et s’en donne les moyens. Le 18 juin 2018 est entrée en fonction une directrice de site, Patricia Boueme. 57 ans, ingénieur Arts et Métiers, dont le parcours se partage entre l’entreprise et l’entrepreneuriat. « Patricia Boueme n’est pas spécialiste du ressort, mais elle a accompagné l’entrée des matériaux composites dans le secteur de l’aviation, détaille Stéphane Foisy, P-DG de Sefard. C’est de cette expérience précieuse que nous nous dotons. »

Le message est clair : Sefard s’oriente aujourd’hui vers un surcroît de valeur ajoutée et de technicité. Une volonté portée en parallèle par Thierry Cousin, ancien P-DG de l’entreprise, dont la structure de recherche Sotimeco travaille en étroite collaboration avec Sefard. « Nous développons le bureau d’études dans l’intention de lui constituer un support technique », précise Stéphane Foisy. La stratégie consiste en une approche transversale du ressort et des métiers connexes, autrement dit la transformation des produits après les opérations classiques de cambrage, de cintrage. Une diversification qui s’illustre par plusieurs marchés conclus récemment, en direction de la pièce usinée finie par exemple.

« Le métier du ressort est riche, poursuit Stéphane Foisy. Et surtout, il n’est pas à 100 % cartésien. On y trouve le doigté du régleur, la trace de la main, et donc d’une réelle valeur ajoutée humaine. » On l’aura compris, la place de l’homme est centrale chez Sefard. Et la place de l’homme, c’est aussi la rétribution du travail.

« Avec le recrutement de Patricia Boueme, nous nous dotons d’une expérience précieuse dans l’accompagnement de l’innovation. »

Stéphane Foisy, P-DG de Sefard

« Le métier du ressort est riche, poursuit Stéphane Foisy. Et surtout, il n’est pas à 100 % cartésien. On y trouve le doigté du régleur, la trace de la main, et donc d’une réelle valeur ajoutée humaine. » On l’aura compris, la place de l’homme est centrale chez Sefard. Et la place de l’homme, c’est aussi la rétribution du travail. « Quelle est notre priorité pour l’avenir ? Développer l’entreprise, pour quoi faire ? Telles sont les questions que l’on doit se poser et que nous nous posons », poursuit le P-DG.

Progrès + sens = Sefard

Donner du sens au progrès, voilà donc toute la stratégie. Une stratégie qui s’illustre aussi par le statut de scop (société coopérative et participative), qui inscrit dans le marbre le partage des valeurs et des choix avec l’ensemble du personnel. Ce qui, précisons-le, n’est aucunement un frein à l’investissement ni à la robotisation. Le développement du bureau d’études donnera d’ailleurs l’occasion d’intégrer des spécialistes robotique. « Mais le bénéfice de l’investissement a vocation à servir l’emploi », insiste Stéphane Foisy.

Autre valeur essentielle, l’ancrage local. A 150 km de Paris, Sefard propose un certain mode de vie, profondément inscrit dans son contexte. « Certains de nos collaborateurs élèvent aussi des bêtes, ont une exploitation qu’ils vont rejoindre après le travail. Je suis convaincu que développer l’entreprise, c’est considérer le territoire », poursuit le P-DG. La venue d’une directrice issue de la banlieue parisienne en est la preuve éclatante : pour Patricia Boueme, profiter d’un nouveau cadre de vie est une composante essentielle du projet, au même titre que l’aspect professionnel. « Si elle a parfois du mal à attirer les jeunes, notre région a d’incontestables arguments auprès de ceux qui ont l’expérience de la vie urbaine et veulent connaître autre chose », conclut Stéphane Foisy.

Texte et photographies: Philippe François

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